EXPOSITION ARAGON-TRIOLET : UN SUCCÈS QUI EN APPELLERA D'AUTRES

Publié le par Université Populaire de l'Aube / UPOPAUBE

Pierre Juquin (à gauche) et Jean Lefèvre

Pierre Juquin (à gauche) et Jean Lefèvre

La mairie de La Chapelle-Saint-Luc a eu la bonne idée de réaliser une exposition autour d’Elsa-la-rebelle et d’Aragon au moulin de Villeneuve. Elle a duré 10 jours et fut visitée par environ 500 personnes qui purent également profiter des deux conférences de Pierre Juquin et Olivier Barbarant. Cinq œuvres surprenantes, sculptées par Bétarice Tabah accueillaient les visiteurs.

C’est l’UPOPAUBE qui avait proposé ces deux conférenciers de haute tenue. Tous deux font partie d’ailleurs de la Société des Amis d’Aragon et d’Elsa Triolet (SALAET), dont le siège est à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Le jeudi, un récital à voix multiples de textes croisés des deux auteurs fut finement préparé par la comédienne Catherine Lefèvre. On put également y entendre 2 jeunes élèves chapelains du Conseil Municipal Jeunes.

Autrefois, j’écoutais Juquin avec plaisir. Chez Jacques Chancel, sa voix claire et intelligente m’expliquait la politique et le monde. Elle n’a pas changé. Pierre a modifié sa trajectoire dans les années 80, les désaccords faisant partie de la vie courante. La biographie* qu’il a consacré à Louis Aragon, ce « génie littéraire du XXè siècle » fut saluée unanimement par la presse. On ne peut avoir écrit ce livre sans être resté profondément attaché à la lutte menée aujourd’hui encore par ses anciens camarades pour un monde meilleur, monde souhaité par Aragon et Elsa.

Les lendemains ont moins chanté que prévu, mais l’Europe bouge, peut-être que les surlendemains chanteront, sans le manichéisme de la guerre froide. Côté stalinisme, rien n’est caché dans le propos du conférencier. La recherche de la lumière et de la vérité provoqua chez de nombreux communistes une blessure profonde. Aragon en tirait avec philosophie la conclusion que le soleil avait toujours blessé les yeux de ses adorateurs. Au nom « du passé faisons table rase » et de l’antifascisme, beaucoup y avaient cru avec sincérité, ceux-là même qui eurent pendant la guerre des conduites héroïques. Reste que l’homme de gauche le plus insulté, avec Hugo et Jaurès, a jeté des salves de chefs-d’œuvre qui restent à la disposition de la jeunesse en recherche littéraire ou républicaine .

Quant à Elsa Triolet**, son courage pendant l’occupation, son talent littéraire et sa lucidité politique furent mis en avant par les deux conférenciers. Elle fut souvent à l’origine des décisions prises par Aragon. Sa défense de la lecture publique et de la culture française sont connues. Elle obtint en 1944 le prix Goncourt par un jury épuré de ses collabos. Ce fut la première femme à l’obtenir.

Olivier Barbarant charma véritablement son auditoire par sa connaissance intime de l’œuvre poétique d’Aragon qu’il citait par cœur parfois. On avait décidé de l’accueillir en tant que poète en lui dédiant, dès son arrivée, son « Ode au paysan »*** qui faisait écho au Paysan de Paris qu’Aragon écrivit en 1924 et qu’Elsa admira autant qu’elle admira Louis par la suite.

La mairie de la Chapelle et Bernard Champagne sont évidemment ravis de ce succès et pensent renouveler l’expérience chaque année autour d’un maître incontesté, genre Jaurès ou Rimbaud.

Jean Lefèvre

* Aragon, un destin français, Ed. La Martinière, 2 tomes, 800 pages, 60 €.

** Elle est née Ella Kagan d’une famille juive de Moscou.

*** Dite par Catherine Lefèvre.

A droite, Olivier Barbarant

A droite, Olivier Barbarant

Publié dans LITTERATURE

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