DARWIN et le triomphe de la raison

Darwin et le triomphe de la raison (résumé)

Troyes, 22 février 2022

De tout temps l'homme s'est émerveillé devant l'extraordinaire diversité des êtres vivants (biodiversité) à laquelle il tenta de trouver une explication. Pour Parménède d'Elée (VIè – Vè siècles avant notre ère), tout est en l'état depuis la "nuit" des temps. Le monde serait donc incréé et définitivement fixé. Pour d’autres par contre, le monde fut créé par un ou plusieurs dieux et ne s’est jamais modifié par la suite (créationnisme fixiste), ou au contraire se serait ensuite transformé (créationnisme transformiste) Pour les scientifiques actuels et les biologistes en particuliers, la biodiversité résulte d'une succession d'émergences de nature physico-chimique, accompagnées de transformations successives (transformisme rationaliste).  

Il est bon de rappeler que le refus de croire en une création surnaturelle correspond à l'esprit de la sagesse antique qui s’exprima clairement à Milet il y a environ 27 siècles : THALES (624-548) pour qui l'eau est source de toutes choses aurait pris conscience du fait qu'il croyait que Zeus était le père de tous les dieux parce qu'on le lui avait dit et non parce qu'il y avait réfléchi. Telle aurait donc été l'origine de la philosophie qui, avec ARISTOTE, devint "naturelle".

La biologie est aujourd'hui une science positive au même titre que la chimie et la physique dont elle est le volet qui se focalise sur l'étude de la matière vivante, de son émergence, de sa structure, de son fonctionnement et de son évolution. La diversité des êtres vivants masque, il est vrai, une grande unicité à l'échelle atomique, moléculaire et métabolique dont on a pleinement conscience depuis un peu plus d'un siècle. On ne peut donc être que plus admiratif encore des "audaces" de BUFFON, LAMARCK, Etienne GEOFFROY-St-HILAIRE et, bien sûr DARWIN, qui, à des degrés divers firent émerger une vision du monde en totale désaccord avec une lecture littérale des Saintes Ecritures. Cette vision fut d'abord celle d'une théorie, la théorie transformiste ou théorie de l'évolution. Elle est maintenant une discipline scientifique à part entière, la phylogenèse devenue tout naturellement moléculaire.

La paléontologie, l’anthropologie et la préhistoire constituèrent bien vite des sciences de « combat », mais depuis, les arguments favorables à une attitude évolutionniste se sont enrichis de preuves empruntées à toutes les disciplines de la biologie : l'anatomie comparée bien sûr, mais aussi la cytologie,  la génétique, la biochimie, la physiologie, la microbiologie, et plus encore peut-être l’embryologie depuis l'envol de la génétique du développement il y a une cinquantaine d'années et dont Charles DARWIN soulignait déjà l'importance en ces termes:  "Pour la plupart des naturalistes, la conformation de l'embryon est encore plus important que celle de l'adulte au point de vue de la classification. Lorsque deux ou plusieurs groupes d'animaux, quelque différentes que puissent être d'ailleurs leur conformation et leurs habitudes à l'état adulte, traversent des phases embryonnaires très semblables, nous pouvons être certains qu'ils descendent d'un ancêtre commun et qu'ils sont, par conséquent, unis étroitement les uns aux autres par un lien de parenté" (L'origine des Espèces, chapitre XIV).

L'exposé mettra l'accent sur la véritable révolution que fut la parution en 1859 de l'ouvrage majeur de Charles DARWIN: "De l'origine des espèces" et sur l'accumulation exponentielle des données de la biologie "moderne" qui toutes, sans exception aucune, vérifient et renforcent les concepts majeurs de la "théorie darwinienne" que sont l'origine ancestrale commune de tous les êtres vivants, les variations intraspécifiques,  la sélection naturelle et l'évolution par buissonnement.

Un accent particulier sera mis sur les contributions majeures de la phylogenèse moléculaire et du concept d'horloge biologique ainsi que sur le l'EVO-DEVO" (biologie évolutive du développement). L'importance de nouveaux concepts tels le transfert horizontal de gènes (THR), l'exaptation et la cooptation sera mise en évidence et illustrée par quelques exemples qui concernent notamment l'évolution de la lignée humaine.

(Cette brève présentation s’inspire de mes contributions à deux livres édités sous la direction de mon collègue le professeur Charles Susanne et qui sont présentés dans la sélection des dias du powerpoint)